En tant qu'éléments linéaires boisés, les haies, sont potentiellement des habitats, voire des corridors, pour les espèces forestières. Des travaux antérieurs ont montré que la majorité de ces espèces pouvait s'établir dans les haies, mais que l'ancienneté des haies (i.e. leur continuité d'existence, indépendamment de l'âge des arbres et arbustes qui la composent) était un facteur clé : plus une haie est ancienne, plus elle héberge un cortège important d'espèces herbacées forestières, du fait d'une meilleure qualité d'habitat et d'un temps de colonisation plus long. Cependant, l'ancienneté de la haie est une caractéristique très difficile à quantifier. Les techniques d'analyse régressive du paysage à partir de cartes et de cadastres anciens, qui sont habituellement utilisées pour les éléments boisés surfaciques, ne sont guère utilisables pour les haies, qui n'ont pas toujours été cartographiées. Partant de ce constat, nous avons voulu tester si l'âge d'une espèce ligneuse longévive, l'aubépine à un style (Crataegus monogyna) pouvait servir de proxy pour déterminer l'ancienneté de la haie. Nous avons échantillonné 65 haies en Picardie, où l'aubépine était présente et pour lesquelles les archives permettaient de dater leur apparition. Dans chaque haie, les individus au plus fort diamètre ont été carottés et les cernes ont été comptés. Les premiers résultats montrent que l'âge des aubépines n'est pas corrélé à l'ancienneté de la haie qui les héberge. L'analyse dendrométrique suggère que les coupes répétées impactent la croissance des aubépines, découplant le diamètre de l'âge. Ce dernier ne peut donc être utilisé pour estimer l'ancienneté d'une haie.