En plaine alluviale, la colonisation d'habitats pionniers s'effectue le plus souvent par l'hydrochorie soit de fragments végétatifs, soit de graines. Bien que la plupart des espèces de ces habitats produisent des graines à longue durée de vie, la formation d'une banque de graines notable est potentiellement un processus complexe. Lors des crues, des sédiments peuvent être re-mobilisés ou de nouveaux sédiments contenant des graines peuvent être déposés au-dessus de sédiments plus anciens. Quelles sont alors les processus dominants dans la colonisation de ces habitats ? quels sont les principaux types de propagules impliqués ?

L'étude suit la (re)formation d'un îlot après son rasement en Loire moyenne. Elle quantifie les apports respectifs de fragments végétatifs et de graines par hydrochorie, et suit le contenue des sédiments en graines et la végétation établie sur un réseau de placettes durant trois années.

Les résultats montrent que le recrutement de la végétation établie se fait principalement à partir de graines. La densité des banques de graines est globalement très faible comparé à d'autres types d'écosystèmes, et se caractérise par une forte variabilité spatiale et temporelle. Néanmoins, des zones d'accumulation préférentielle de graines ont pu être identifiées, en lien avec la granulométrie du substrat et la stabilité temporelle de ces zones. L'hypothèse peut être émise qu'elles jouent un rôle de« foyers de dispersion » pour la deuxième phase de colonisation de l'îlot par la végétation.