Les fourmis, de par leurs actions mécaniques et chimiques sur leur environnement, sont souvent qualifiées d'ingénieures de l'écosystème, notamment au sein des formations végétales herbacées. En effet, la construction de galeries et de dépotoirs occasionne des changements dans la nature organique et minérale du sol qui peuvent notamment modifier les communautés végétales. Les fourmis moissonneuses, en transportant et déposant des graines et des débris végétaux dans leurs zones d'activités, apportent de la matière organique et des nutriments susceptibles d'avoir un effet direct et/ou indirect sur la structuration et la productivité de la communauté végétale environnante.
Bien que les pelouses possèdent généralement une importante biodiversité ; une perte significative de leur surface a été mesurée depuis la deuxième moitié du 20e siècle. Afin d'approfondir les connaissances fondamentales sur les rôles des fourmis pour la conservation de ce type d'écosystème, la fourmi moissonneuse Messor barbarus, une espèce commune dans ce type de milieu, a été choisie comme modèle d'étude. Des relevés de végétation ont alors été menés en mai 2018 sur la Réserve Naturelle Régionale de la Tour du Valat (Camargue), milieu traditionnellement pâturé extensivement par des bovins. Ces relevés ont été effectués sur 30 nids de M. barbarus et sur 30 zones contrôles (sans nids ni pistes de fourmis) au sein de 10 sites et permettent de déterminer le rôle des fourmis moissonneuses sur la richesse spécifique, l'abondance et la structuration des communautés végétales.